Du 1er au 16 juin :
Toujours dans le groupe d’îles d’Ha’apai, nous accostons près Uiha, îles habitée par 200 personnes, afin de rejoindre une église, pour la journée sacrée des tonguais.
C’est bien la première fois, que nous sommes attachés à participer à la messe le Dimanche! Nous choisissons l’église catholique, pour nous émerveiller de leurs chants… Nous avons droit à un accueil chaleureux…
Suzi et Russyl, sensibilisés par le manque de moyens de la population, ont chargé beaucoup de jeux et livres d’enfants, provenant de dons de Nouvelle Zélande. L’anglais étant la seconde langue officielle, les enfants ont 1h d’anglais par jour. Nous les accompagnons donc, à remettre, aux instits de l’école gouvernementale, quelques fournitures.
Dans ce village de pêcheurs, la précarité des habitations est frappante, la plupart ont été touchées par le puissant cyclone de Janvier dernier, dévastant arbres, maisons… Sur plusieurs îles, tout est en chantier, avec des tentes provisoires de l’Unicef encore visibles. Seuls les bâtiments en béton ont résisté comme les églises… mais parfois pas le toit… Nous égrenons quelques pluies qui rendent ces villages encore plus désolants.
Nous restons plusieurs jours sur la principale île Lifuka, qui est la plus touchée par le cyclone de Janvier. Bien qu’ils aient des cyclones tous les ans, c’est le plus violent de ces 10 dernières années. A Pangai, la capitale, il est impossible de trouver des légumes frais car tout a été dévasté, du coup nous nous nourrissons de glaces et des poulets frits du petit resto local !!
L’île ne fait que 14 km de long, Suzi et Russyl se prennent 2 nuits dans un petit hôtel sur la plage. Marco garde le bateau la première nuit pendant que nous partons explorer à sac à dos.
On marche le long de l’unique route allant vers la pointe Nord de l’île. La flore tente de rependre vie. Les cocotiers sont dépouillés, aux branches pendantes. Nous voyons quelques hommes, brûler les arbres arrachés et en replanter : papayes, cocotiers, bananiers… Heureusement que la végétation renait assez vite, pour donner à nouveau, ses plus belles couleurs et fruits.
Nous osons déranger une dame devant sa porte avec un tas de feuille de pandanus (sorte de petits palmiers). Elle est fière de nous décrire toutes les étapes de fabrication du tapis traditionnel « tapa » ou des jupes de cérémonie « ta’ovala ». Après plusieurs bains bouillants et une semaine dans la mer, les longues feuilles séchées blanchissent pour être tressées. Le travail est long et fastidieux, il leur faut un mois à 2 femmes pour tisser un tapis.
A la sortie d’école, l’animation est à son comble sur la route : ramassage scolaire ou enfants en uniforme à pieds, nous amusent. Ils nous accompagnent pour quelques pas, nous récitant les quelques phrases d’anglais acquises…
Et puis le bout de l’île nous dévoile une plage et un lagon magique qui invite à la paresse. Nous remettons à demain notre séance bronzette lorsque nous rencontrons Akileo, qui s’oppose gentiment à ce que l’on campe ici, prétextant que c’est plus sûr chez lui !! Comme nous ne pouvons refuser, nous plantons la tente dans son jardin.
Depuis que sa maison s’est envolée, il vit avec sa femme et ses 2 enfants entre une cabane où il stocke toutes les affaires rescapées et la tente du gouvernement qui fait office de chambre. La dalle en béton est la seule trace de l’existence passée de leur habitation.
Cet homme à la carrure d’un rugbyman est pasteur, il inspire la sagesse à sa voix posée. Nous partageons le dîner de nos nouilles chinoises et de ses tapioka et manioke… Ses enfants nous dévorent des yeux… nous scrutent… avant de nous adopter et d’appeler « aleki » pour jouer…
Le lendemain matin, nous sommes réveillés par des « cliquetis » d’appareil photo. Nous sommes leur brin d’exotisme et Akileo veut montrer à sa famille, la drôle de maison de ses invités !!
Il préfère garder notre sac à dos chez lui pendant que l’on retourne à la plage … Sur cette langue de sable déserte, nous ne voyons pas l’heure passer et en oublions de manger: bronzette, baignade, chasse au trésor dans les coquillages, snorkling…
Lorsqu’à 15h nous retrouvons Akileo, nous sommes horriblement gênés de s’apercevoir qu’ils nous attendaient patiemment pour le déjeuner, ayant tué un petit poulet pour nous !! Qu’à cela ne tienne, nous passons à table et honorons les mets que nous n’arrivons pas à finir, en redoublant d’excuses…
Au moment de partir, il refuse que l’on fasse du stop pour rentrer et empreinte la voiture du voisin ! Leur générosité nous époustoufle, et pour les remercier nous les invitons dans le resto local de Pangai!! Au moment des adieux, ils nous glissent un bracelet gravé de nos prénoms, en souvenir de leur île !! Nous en avons les larmes aux yeux, de tant d’attention… Que d’étreintes au moment des adieux, avec cette pieuse famille… Ce soir là, nous sommes les gardiens du bateau et apprécions la tranquillité à bord pour se remémorer cette riche journée. Nous retrouvons un peu de chaleur familiale, au travers ces belles rencontres, étant loin de nos parents, frères, soeur…
Nous devons lever l’encre plus tôt que prévu pour le groupe d’îles de Vava’u, afin de rendre service à Heither et Carl, un couple de néo-zélandais, eux aussi en voilier, devant se rendre à l’hôpital. En effet Carl, s’est cassé des côtes dans une mauvaise chute et ne peut naviguer. Alex sera leur équipier pour ces 12h de navigation de nuit. C’est la première fois depuis 6 mois que nous nous séparons…
Au petit matin, nous découvrons un paysage tonguais complétement différent des précédents… Les îles coralliennes plates bordées de plages ont laissé place à des îlots volcaniques, peuplés de jungle. Cela donne un aspect plus sauvage aux côtes…
Nous sommes contents de récupérer Alex, à l’abri d’un lagon. Une panne de moteur, nous empêche d’avancer, le vent nous ayant abandonné… Alors, nous attendons l’œil averti du bricoleur de vieilles voitures, avant de se faire remorquer…
Promis nus avons remis à l’eau ces belles étoiles …
Nous devons passer la nuit ici, (dans ce décor pas si mal) avant de trouver l’origine du problème. Quelques heures, la tête dans le moteur, il ressort comme un mineur mais vainqueur !! Nous pouvons accoster tranquillement à Neiafu, la capitale.
Vava’u est une île en forme de pieuvre où ses tentacules révèlent une soixantaine d’îlots. Région la plus touristique de Tonga, elle est attractive grâce à ses plages paradisiaques dissimulées dans des lagons et grâce à la venue des baleines de juin à Septembre pour enfanter dans ses eaux chaudes.
A Neiafu, les principaux touristes sont des néo-zélandais et australiens, (la plupart en voilier), qui s’entassent dans les nombreux bars et restos guindés, trinquant à grand coup de bières devant un match de rugby !! Pour nous, c’est un passage obligé afin de pointer à l’immigration, et de faire des provisions : eau, gaz, fuel, nourritures, internet…
Mais dans ce flot de touristes peu respectueux des coutumes locales, nous rencontrons quelques français… et devinez où ??? … à la messe de la grande Cathédrale St Joseph !! Jean et Jean Louis, (l’âge de nos pères), naviguent sans leurs femme malades en mer. Alex retrouve un peu la France avec leur Pastis !! Pendant que je papote avec Morgane, une autre équipière de bateau… On recroise ce petit monde sympa, et c’est toujours une fête de trinquer ensemble !!
Contents de vite s’éloigner de la ville, nous retrouvons notre tranquillité, sur des plages esseulées. La journée chacun vaque à ses occupations : sieste, balade en kayak, marche dans les villages reculées, dessins, peintures, chasse sous marine… on est loin de s’ennuyer !!
Nous avons un coup de cœur pour l’île de Nuku, sur laquelle il n’y a qu’une maison inhabitée… On se prend pour les explorateurs des siècles derniers et accostons avec notre petit bateau à moteur !! Nous mangeons les trouvailles locales : coco, bananes flambées, tuku misi fraîchement pêchés !! Et pour clôturer la soirée un bain de minuit, dans une mer transparente, éclairés par la pleine lune.
Au petit matin, le propriétaire de l’île débarque avec son bateau de pêche, pour déménager les derniers meubles de la maison… Scène amusante qui nous paraît décalée !!
Tous les 2 jours, nous faisons des sauts de puces, entre les différentes petites îles, et gagnons la rive à l’aide des kayaks pour se balader…
A Tapana, nous découvrons les mangroves qui regorgent de crabes, fruits de mer, concombres de mer, que les femmes ramassent à marée basses. Avec Suzi, nous sommes conviées au coin du feu, à déguster la pêche du jour avec elles.
Nous rencontrons Lomio avec qui, nous échangeons nos premiers pots de confiture maison de bananes contre des légumes de son jardin… Nous avons l’impression d’être dans le monde d’Alice au pays des merveilles, tellement les feuilles des taros sont immenses !!
Après 10j de balade nous retournons une nuit à Neiafu, pour faire le plein de vivres et se connecter au reste du monde, en s’arrachant les cheveux avec des connections internet au ralenti ! Quand je suis sur le point de craquer, grande adepte de la technologie, Alex est là, à la rescousse !!
Nous remercions tous les copains, collègues, amis de la famille, nos parents, frères et soeur… ça nous fait chaud au coeur de vous lire au travers de vos commentaires, même si l’on ne peut pas répondre à chacun… on apprécie énormément !! ALORS CONTINUEZ 🙂